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Interview par TrENSmissions, webradio de l'ENS

 

 

TrENSmissions : Bonjour Sandra, tu es élève à l'ENS en sciences sociales, et tu organises en ce moment un workshop autour de Baba-Yaga. Celui-ci s'inscrit dans le cadre de PSL (Paris Sciences et Lettres) qui a financé le projet. Tout d'abord dis-nous, qui c'est Baba Yaga ?

 

 

Sandra : La Baba Yaga, ou plutôt les babas yaga, sont les sorcières des contes populaires russes. Baba yaga est un peu différente de nos sorcières des contes de Perrault ou de Grimm car en fonction du conte, elle peut être une terrible ravisseuse d'enfants aux dents d'acier aiguisées ou au contraire une aide magique indispensable au héros. Méchante ou généreuse, vieille femme ou guerrière redoutable, c'est un personnage complexe. Sa maison est sur des pattes de poule et se place un peu comme un passage obligé dans la quête du héros, vers un autre royaume. La Yaga commande aux bêtes des bois, aux oiseaux du ciel et aux animaux aquatiques. Son physique est terrifiant : des dents grises en aciers, une jambe d'os, des mamelles immenses aux tétons parfois suspendus au crochet, la morve qui coule de son nez immense "fichu dans le plafond", les lèvres pendantes et même parfois le sexe écumant... Parfois elle attend les visiteurs couchée sur le poêle, parfois elle débarque en volant sur son mortier...

 

 

TrENSmissions : Dans ce workshop il y a des peintres, des sculpteurs, des comédiens, et des universitaires de divers domaines. Comment avez-vous fait pour travailler tous ensemble et vous mettre d'accord ?

 

 

Sandra : C'est effectivement un écueil qui nous faisait tous un peu peur mais c'est aussi ce qui pimentait le défi ! Il a fallu passer par une phase de "réunions", un peu scolaires (et difficile à organiser vu notre nombre) mais nécessaires et aussi un travail en groupe plus réduit de temps en temps. On s'est aussi organisé par "pôles" (pôle recherche, pôle scénique), afin de se transmettre différentes informations au sein des pôles puis entre les pôles, et pour faire un genre de brainstorming d'idées pour l'aspect scénique. Les gens du pôle recherche connaissaient bien le thème, mais ceux de la scéno très peu, on a donc organisé des réunions communes "d'initiation" à Baba Yaga avec des films, des présentations, des lectures et dictions de contes, menées par les gens du pôle recherche qui étaient prêts à le faire. Le plus important (et le plus difficile) était pour moi de permettre à la fois de mobiliser les gens pour créer une émulsion artistique et théorique sur le thème, faire passer des images et des interprétations des contes aux gens du pôle scénique, tout en permettant aux artistes de conserver leur liberté artistique (pour de pas entraver l'inspiration) et aux chercheurs leur liberté de travail (le travail théorique demande un certain isolement,l'accès aux bibliothèques...). Cela a demandé pas mal de temps de mise en route, de discussions animées et de négociations, cela a aussi demandé de hiérarchiser les priorités et les idées pour trouver un sens et une forme globale qui satisfaisait à la fois les universitaires et les artistes.

 

 

TrENSmissions : Finalement, quelle forme prendra la représentation de Baba Yaga à laquelle nous pourrons assister le samedi 14 et dimanche 15 septembre en salle d'expression artistique à l'ENS ?

 

 

Sandra : aha, tu en demandes trop ! Sans tout dévoiler, il s'agira d'une forme mixte, entre exposition plastique et performance d'acteur, précédée d'un sas d'initiation aux contes et à leurs interprétations, afin de témoigner du travail de tous les pôles du workshop. On pourrait parler d'art total (si on était très prétentieux...) ou, plus humblement et plus justement, de scénographie. L'association que nous avons créé le Laboratoire d'Expériences du Théâtre et des Arts Plastiques recherche des formes artistiques innovantes. La dénomination de l'événement qui aura lieu les 14 et 15 septembre ne nous intéresse pas plus que ça. Ce qui nous intéresse c'est l'acte, ainsi que son effet sur le visiteur. Notre but est de le faire plonger intellectuellement puis "sensoriellement" dans le monde des contes russes, ou plutôt dans la vision de l'isba de Baba Yaga qui a émergé du travail collectif de notre workshop.

 

 

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