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Passer près de l’isba de Baba Yaga n’est jamais sans conséquence… Vladimir Propp, le premier, a proposé non seulement une analyse structurelle du conte merveilleux mais aussi du passage des héros par l’isba et de son rôle dans le déroulement de l’action, dans la Morphologie du conte et Les Racines historiques du conte merveilleux. Pour cela, il procède à une analyse du personnage de la baba Yaga. Le but du travail de Propp est d'expliquer, en employant la méthode morphologique, des convergences entre les différentes intrigues des contes populaires russes. Auparavant, les contes merveilleux étaient distingués en raison de la présence d’un élement merveilleux. Selon Propp, le genre de ces contes peut être indiqué par les lois qui les régissent. Il observe qu’une répétition spécifique caractérise ce type de narration. Son analyse le mène à décrire cette régularité puis à en rechercher la cause.

 

Pour illustrer cette observation, considérons un conte dans lequel l'héroïne est mise à l'épreuve : si elle la traverse avec succès, elle recevra un prix, sinon, elle sera punie. L’épreuve, la récompense et la punition sont ici les éléments répétitifs. On voit que l'action est un facteur qui garantit aux fables  leur cohérence. Ces activités nécessaires au développement de l’histoire, Propp les nomme des « fonctions ». L’ordre d’apparition des fonctions illustre la structure, la composition des contes. Le schéma sélectionné comprend 31 fonctions et établit un critère qui permet d’isoler les contes merveilleux des autres.

 

La baba Yaga est une héroïne très ambivalente. Cette diversité est déterminée par des éléments qui précèdent son apparition dans la narration. La sorcière peut occuper la place du donateur de deux façons : bienfaisante – elle régale le héros de nourritures aux propriétés magiques ; hostile – elle manifeste son penchant cannibale et essaie de dévorer les enfants. Son comportement diffère également en fonction du sexe du héros, entre les contes « féminins » (Vassilissa la belle, par exemple) et « masculins » (Ivan Taurillon). Néanmoins, dans les deux variantes, la sorcière joue un rôle important pour le processus de maturation. 

 

Les recherches menées par Propp montrent que la narration est le résultat de l’ordre interne du rite de passage. Cette chronologie correspond à la composition du conte merveilleux. Le chercheur russe a montré que la composition du conte est enracinée dans la réalité historique. Nous pensons avec lui que la sorcière est liée à la vision eschatologique de la société ancestrale et au rite d’initiation. Baba Yaga, puisqu’elle garde la frontière entre les mondes des vivants et des morts, occupe dans ce schéma une place particulièrement importante.

En passant près de l’isba de Baba Yaga : morphologie et racines de la sorcière

 

Par Magdalena Cabaj

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